De l’oubli à la consécration
De son vivant, Gustave Strauven semble avoir exercé une influence sur certains de ses confrères. En témoignent plusieurs habitations dont la façade, percée d’un vaste oculus, paraphrase celle de la maison de Saint Cyr : une maison conçue à Anvers en 1904 par l’architecte Jacques De Weerdt, une autre de 1912, disparue, à Heyst-sur-Mer ou encore l’habitation personnelle d’Arthur Nelissen, qu’il conçoit en 1905 à Forest.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’Art nouveau meurt… en même temps que Strauven. Ses effusions ornementales ont passé de mode, laissant le champ libre à l’Art Déco et, durablement, au modernisme. Longtemps considéré en Belgique comme un feu de paille sans grand intérêt artistique, l’Art nouveau ne regagne ses lettres de noblesse qu’à partir de la fin des années 1960, notamment en réaction à la démolition de la Maison du Peuple de Horta et grâce à l’intérêt des critiques étrangers.
La réhabilitation du maître est rapidement suivie par celle des architectes de la seconde génération, tels Hamesse, Blérot… et Strauven. Une sonnette d’alarme est tirée en 1971, lors de l’exposition Bruxelles 1900, capitale de l’Art Nouveau, qui pointe la menace de démolition pesant sur un bon nombre d’édifices de ce style, dont la maison de Saint Cyr. En 1979, l’association Sint-Lukasarchief, sous la direction de l’architecte Jos Vandenbreeden, établit un inventaire d’urgence, qui répertorie pas moins de dix-neuf réalisations de Strauven.
Puis viennent les premières mesures de classement, en 1988, qui concernent les maisons de Saint Cyr et Van Dijck. À ce jour, à Bruxelles, quatorze habitations de Strauven ont fait l’objet d’une mesure de protection et plusieurs d’entre elles ont bénéficié d’une restauration exemplaire, telles les maisons de Saint Cyr et Strauven.
Le catalogue de la production de l’architecte connue à ce jour est disponible sur le site gustavestrauven.brussels. Imaginé dans un esprit de partage du savoir, ce site est un outil évolutif, ouvert aux chercheurs qui souhaiteraient venir compléter les connaissances sur cet architecte hors norme.