Maison de Saint Cyr

Avec sa façade de style Art nouveau flamboyant, la maison de Saint Cyr est l’une des plus connues du grand public à Bruxelles. C’est l'artiste-peintre, décorateur et horticulteur Georges Léonard de Saint Cyr qui, en 1900, commande cette habitation au jeune Gustave Strauven.

Pour compenser l’étroitesse de la parcelle, d’à peine quatre mètres de large, l’architecte étire la maison en hauteur mais également en longueur au détriment du jardin, réduit à une petite cour. Appliquant les leçons de Horta, il met en œuvre une structure légère en squelette constituée de poutrelles métalliques, garante d’une ouverture et d’un éclairement maximaux. Strauven s’inspire sans doute également de l’architecture balnéaire : à la manière des façades à front de mer, celle de Saint Cyr superpose perron, balcons et loggias de profondeur décroissante, comme autant de belvédères ouvrant sur l’espace vert du square.

Le chef-d’œuvre a bénéficié de deux restaurations en profondeur, en façade de 2008 à 2011 et à l’intérieur de 2015 à 2019. La première a permis la restitution des couleurs originelles de la façade : sur fond de maçonnerie à joints bleus, alternant pierre blanche, briques blanches de Silésie et briques peintes couleur lie-de-vin, se détachent des ferronneries vert clair et des châssis en chêne verni ponctués de vitrage mauve.

En façade, tout est mouvement et légèreté : les découpes délicates de la pierre, l’élancement des colonnettes de fonte et le dessin tourmenté du fer forgé des consoles, grilles, rampes et garde-corps, auquel répondent les riches chantournements des menuiseries. Au sommet, un remarquable anneau de briques, sorte d’œil-de-bœuf hypertrophié, devance un pan de mur vertical couvert d’ardoises évoquant un brisis. Il est surligné par le garde-corps du toit-terrasse, que domine une impressionnante crête en fer forgé.

Pour assurer aux espaces une largeur décente, Strauven renonce au plan bruxellois traditionnel, avec pièces en enfilade et escalier latéral. Comme dans les hôtels particuliers de Horta, il implante au centre de la maison une vaste cage d’escalier occupant toute la largeur de la parcelle et éclairée zénithalement par un puits de lumière. Se développant sur deux niveaux, l’escalier est couvert d’une verrière à vitrail chatoyant. Au-dessus de celle-ci, le vide du puits, coupant les étages en deux blocs, est traversé par deux galeries suspendues superposées, dont le sol vitré laisse passer la lumière du jour. Si la façade est résolument Art nouveau, pour l’intérieur, l’architecte opte, comme souvent à l’époque, pour un éventail de styles typiquement éclectique.

Cage d’escalier

Traitée en style néo-Empire, déclinant rinceaux et palmettes, la cage d’escalier est encadrée à l’étage d’arcades à balustrade. Bordant une galerie à l’avant et à l’arrière, elles se prolongent en décor sur les murs latéraux qui, tapissés de miroirs, se reflètent à l'infini dans une ingénieuse dilatation de l’espace.

Petite salle à manger

Dans la petite salle à manger du demi-sous-sol, le cercle est aussi à l’honneur, qu’il s’agisse des portes à vitraux figurant des palmettes ou du manteau de la cheminée, qui rappelle l’anneau de la façade.

Salon d’entrée

Tout comme la petite salle à manger et son hall à banquettes au demi-sous-sol, dont l’aménagement est conservé aujourd’hui, le salon en façade avant présentait jusque dans les années 1930 un décor Art nouveau. Directement accessible depuis le perron et largement ouvert sur la cage d’escalier par un jeu complexe d’arcades, il abritait une cheminée animée d’incroyables boiseries découpées. Seul son plafond japonisant à décor de baguettes a pu être restitué lors de la restauration.

Salle à manger

La salle à manger est conçue dans le plus pur style néo-Renaissance flamande, avec lambris à têtes de lion, poutres apparentes, cheminée de pierre à hotte de bois et papier peint gaufré façon cuir de Cordoue. Dans les fenêtres à volets s’insèrent des vitraux aux armes de la famille de la mère de Georges Léonard de Saint Cyr, la vicomtesse Félicie de Baré de Comogne.

Salon chinois

En 1925, un nouveau propriétaire n’hésite pas à transformer le petit salon néo-Empire du premier étage en salon chinois. La pièce est parée d’un remarquable décor de bois historié peint en rouge et or. Comme le salon du bas, elle s’ouvre sur la cage d’escalier via une baie libre, structurée cette fois par deux colonnes lisses et une imposte ouvragée. C’est un meuble chinois ancien, acheté en 1922 et aujourd’hui disparu, qui a dû servir d'inspiration pour le réaménagement du salon, exécuté par le décorateur Pierre Friché avec des éléments sculptés importés de Chine.